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mais rarement, sanguinaire, saignant, dans leurs nids ou sur les branches, où il les saisissait à l’improviste, les petits oiseaux.

Le plus souvent, content du jour et de la vie, il sautait de branche en branche, tout son corps roux au vent, giclant éperdûment comme une large étincelle de feu au moindre choc qui émouvait l’arbre sur lequel il se trouvait ou comme une gerbe lumineuse que les pas du soleil auraient fait rejaillir des flaques miroitantes des frondaisons.

Il mangeait là où il était, le plus souvent tout de même au même endroit sous les hauts sapins qui faisaient un îlot sombre dans la mer sylvestre et où il retrouvait les joyeux compaings.

Ils montaient le long des grands fûts droits, dégarnis jusqu’en haut, qui ressemblaient aux mâts de cocagne naturels, dressés là en permanence pour une fête intime et forestière, au haut desquels les « pives » dans les rameaux supérieurs, comme des prix s’offrant à l’audace des conquérants, pendaient, lourdes de la graine dont ils étaient friands. Ils y grimpaient soit tour à