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roc bien nettoyée, soigneusement matelassée de mousse et de feuilles sèches, distribuée en compartiments égaux, en greniers distincts où s’entasseraient côte à côte et séparées ses provisions diverses ; soit une volumineuse boule à la charpente de bois maçonnée de feuilles empilées ou de mousse longue, consolidée de brindilles qui la hérissaient comme une petite forteresse bien abritée à la fourche solide d’un gros arbre inaccessible, un sapin de préférence.

C’était là qu’il retournait à chaque voyage, une noisette ou une faîne dans sa petite gueule mi-fermée où saillaient les lames jumelles de ses grandes incisives ; une noisette grosse, jaune, lisse, décoiffée de sa « chaule », ou une faîne bien remplie, volumineuse et lourde, qu’il avait choisie dans sa cupule triangulaire éclatée avec tout le soin dont le rendaient capable son instinct de bête et sa sûre expérience.

Il recommençait sitôt arrivé, toujours sautillant, toujours joyeux après avoir rangé sa goûtée dans son petit grenier où, l’hiver, bien calfeutré, il la reprendrait au fur et à mesure de