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Il allait frétillant, tous les muscles bandés, bondissant très haut pour redégringoler presque jusqu’à terre et toujours comme s’il avait été le prolongement multiplié de toutes les branches frôlées on le revoyait dans toutes les trouées de soleil, semblant nager dans des lames de verdure, épave joyeuse à la dérive d’un beau jour.

Il revenait de la lisière de sa forêt où il visitait les noisetiers et les hêtres, cherchant pour sa provision d’hiver les noisettes jaunes et les faînes mûres plus précoces là-bas qu’aux alentours de sa demeure.

Le moment était venu de la récolte. Finies les journées entières de jeu dans les branches des sapins et des chênes, les poursuites continuelles, les cachettes aux fourches des arbres, les cabrioles fantastiques, les équilibres audacieux. La moisson annuelle s’annonçait, car bientôt tomberaient et pourriraient les fruits, bientôt l’hiver, le froid, les pluies, la neige le confineraient dans sa retraite caverneuse ou aérienne. Car son logis d’hiver serait soit une anfractuosité de