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que Miraut. Il savait, l’ayant éprouvé par de chères et dures expériences, qu’avec celui-là toute ruse était inutile ; aussi dès que le timbre de son aboi ou le tintement du grelot décelaient son approche, filait-il droit devant lui de toute la vitesse de ses pattes nerveuses, et, pour dérouter Lisée, contrairement aux instincts de tous les renards, contrairement à ses habitudes, il allait au loin faire un immense contour, suivait des chemins à la façon des lièvres, puis, revenu vers les Moraies, dévalait à toute vitesse le remblai de pierres roulantes aboutissant à son trou, certain que ses pattes n’avaient pas laissé à son ennemi le fret suffisant pour arriver jusqu’à lui.

C’était là sa dernière tactique que nul événement fâcheux ne lui avait fait modifier encore, et ce jour-là, comme à l’ordinaire, elle lui avait réussi ; mais Goupil n’avait pourtant pas l’esprit tranquille, car, à quelques dizaines de sauts du sentier, il lui avait semblé voir, dissimulé derrière le fût d’un foyard, la stature du braconnier Lisée, le maître de Miraut.