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Le long des coudriers et des aulnes du sentier qu’il suivait pour la quinzième fois déjà de la journée, l’écureuil Guerriot, une faîne entre les dents, sautait de branche en branche, les petites oreilles droites à peine pointant, l’œil vif, la queue en traîne retroussée ou relevée en panache s’épanouissant juste au-dessus de sa tête comme un parasol gracieux.

Sous son poids les branches élastiques fléchissaient et se redressaient, giflant les prêles et les fougères, et lui, l’habile sauteur, le jongleur infatigable, profitant de l’élan qu’elles lui donnaient en se redressant, détendait en même temps tous les muscles de ses jarrets et de ses reins pour se projeter plus haut et plus loin encore, comme une exhalaison des arbustes ou une balle que les sylvains enfants de la forêt se seraient tour à tour renvoyée, jouet joyeux et vivant.