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Sur le ventre blanc de Roussard il penche sa tête au fin museau. Ses dents, affilées comme des ciseaux d’acier, hésitent un instant dans le poil roussi et, d’un seul coup, il tranche les génitoires qu’il recrache dans l’herbe avec des chairs sanglantes, aux battements de pieds précipités des spectateurs. Des cris aigus de Lièvre, des cris désespérés que la douleur et la peur enflent en braiement sinistre, emplissent le silence de la combe. La bande est là immobile, muette, dégustant ces cris, pesant cette souffrance, figée dans la rude émotion de la haine.

Plus avant et plus profondément dans la chair l’opérateur impassible va fouiller le sexe. On entend le grincement sec des incisives qui se choquent et un museau rouge agite au regard des assistants une loque informe et sanglante de chair, que, d’un geste de sacerdoce, il remet à un aide pour qu’elle passe de dents en dents. Les museaux semblent ricaner et la plainte de Roussard monte toujours solitaire plus lugubre dans la nuit qui tombe.

Le bourreau va continuer. Mais le roulement