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Un choc de bélier contre son poitrail ; des museaux qui se froncent, des pattes qui se crispent. Roussard est renversé, piétiné, mordu, déchiré. Puis le cercle s’écarte. C’est fini !

Non, il est prisonnier. Deux petits jeannots féroces lui percent les oreilles de leurs dents tranchantes et le clouent au sol, la tête renversée ; deux autres sont aux pattes de devant, et deux plus vigoureux, tout comme des praticiens expérimentés et sûrs, lui raidissent en les immobilisant les pattes de derrière qu’ils maintiennent écartées dans une attitude lubrique.

La bande en désordre tout autour se hausse et s’abaisse comme un mur vivant ; les museaux frémissent, et, sous des battements précipités de paupières, les yeux bombés rougissent férocement, décelant la rude émotion de la haine. Lièvre, abasourdi, reste immobile et silencieux. Le mur vivant oscille, puis devient immobile en avant ; seuls en arrière se haussent des museaux féroces et des yeux sanglants qui ont l’air de l’arc-bouter.

Et voici le sacrificateur qui s’avance.