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à la fois, des sons aigus stridulent comme des cris de guerre ou de ralliement.

Sont-ce des voix ennemies ? Ce n’est pas le glapissement enroué des renards, l’aboi furieux des chiens, la raucité féroce de la parole humaine. Ce sont des voix connues. Et le souvenir de la nuit de veille emplit subitement son esprit d’une terreur panique. Un danger est là ! Il faut fuir. Et ses yeux démesurément s’agrandissent, ses oreilles se croisent et se recroisent sur sa tête comme des épées qui se choquent ; mais de tous côtés les bruits s’élèvent, montent, grandissent.

Et voici que, dans la clarté douteuse du jour tombant, il voit surgir des quatre vents et bondir vers lui, en un cercle qui se rétrécit très vite, la bande accrue encore de ceux qu’il a vus la veille autour du vieux murger.

Ils approchent et se resserrent et se bousculent ; ils ont l’air de grandir, ils sont énormes, ils sont géants. Où fuir ? Et Roussard est là, le cou tendu, ahuri. Le danger grandit, le danger approche, le danger va le happer…, mais quel danger ?