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écoute et il voit de toutes les énergies subconscientes de son être ; — et les bouts noirs et blancs de ses oreilles frémissent quand un hruit étranger aux rumeurs coutumières de la forêt heurte ses notes discordantes au concert monotone qui berce son sommeil, quand un silence plus prolongé suspend les mille voix paisibles de l’harmonie sur laquelle se brode sa quiétude ou quand une soleillée plus ardente, répandant sur cette ombre une douche chaude de lumière, avive les verts ardents des feuilles de ronces et viole la nuit de sa retraite malgré le bouclier rigoureux des pousses virides.

Son sommeil est hanté des rêves les plus déprimants, des cauchemars les plus affreux qui lui dressent tout à coup les oreilles ou lui dilatent les prunelles dans l’ahurissement frissonnant d’un réveil brusque.

Troublé par le spectacle de la nuit précédente et cette ronde démoniaque des lapins, le moindre bruit suspect s’enfle dans son cerveau en tonnerres destructeurs, ou bien le miroitement d’un rayon de soleil sur la face luisante et comme