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garde d’un œil, d’un seul œil latéral, d’un gros œil rond bombé et qui semble stupide, cette scène inconnue comme si chaque geste qu’il voit devait décider de sa liberté ou de sa vie.

Enfin l’aube vient, l’assemblée se disperse, et Roussard lui aussi songe à regagner sa combe. Mais à chacune de ses « rentrées » habituelles, comme s’ils exécutaient une rigoureuse consigne, deux lapins sont là qui le regardent passer avec cet éternel froncement de nez qui ne lui dit rien de bon ; plus loin, il en trouve d’autres, plus loin il y en a encore, ils ont l’air d’assiéger la combe, et Roussard, timide et inquiet, s’enfonce profondément dans le fourré, parmi des enchevêtrements fantastiques de ronces. Sur une javelée d’herbe sèche, à l’abri des dards enlacés, le nez humant le vent, il se met en boule pour le repos quotidien.

Argile palpitante, indistinct dans la demi-obscurité du hallier des herbes fouillées parmi lesquelles il dort, les oreilles soigneusement rabattues sur le dos, pareil à une grosse pierre terne patinée par le temps et les éléments, il