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que instinctive, mystérieuse et toute puissante, des sensations et des images suffisantes pour le maintenir, sans qu’aucune barrière tangible le retînt, derrière le roc par la fissure duquel il avait pénétré.

Cette caverne des Moraies n’était pas la demeure habituelle de Goupil : c’était comme le donjon où l’assiégé cherche un dernier refuge, le suprême asile en cas d’extrême péril.

À l’aube encore ce jour-là, il s’était endormi dans un fourré de ronces à l’endroit même où il avait, d’un maître coup de dent, brisé l’échine d’un levraut rentrant au gîte et de la chair duquel il s’était repu.

Il y sommeillait lorsque le grelot de Miraut, le chien de Lisée, le tira sans ménagements du demi-songe où l’avaient plongé la tiédeur d’un soleil printanier et la tranquillité d’un appétit satisfait.

Parmi tous les chiens du canton qui tour à tour, au hasard des matins et à la faveur des rosées d’automne, lui avaient donné la chasse, Goupil ne se connaissait pas d’ennemi plus achar-