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assemblée étrange et innombrable de lapins qui semblent s’agiter et délibérer.

Tantôt assis sur le cul, tantôt entièrement debout sur leurs pattes de derrière, changeant de place, se haussant et s’abaissant, dressant les oreilles dans l’attitude du recueillement et de l’attention, les rejetant en arrière avec des expressions de colère, dans la clarté douteuse de cette lune levante, ils ont parfois l’air de danser une danse nocturne, inconnue de l’oreillard, qui, n’ayant jamais eu, ni ses pareils, l’instinct de société, ne peut rien comprendre à la mimique désordonnée de tous ces fous.

Les petits museaux mobiles grimacent étrangement, découvrant les tranchantes incisives des rongeurs ; les pattes de devant battent de petits poitrails colères, puis se haussent jusqu’au museau ; et souvent aussi en un coup plus brutal, comme pour un appel à la violence ou une invitation au silence, une patte de derrière, mieux musclée, frappe le sol qui rend un son assourdi et souligne puissamment l’énergie des altitudes.

Roussard, de loin, le cou tendu de côté, re-