Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’était dans tel champ de trèfle rouge aux fleurs sucrées qu’il retrouvait d’ordinaire les autres lièvres de la forêt, ses compagnons nocturnes, et depuis une lune ou deux Roussard s’étonnait de ne plus rencontrer au rendez-vous quotidien les compères à longues oreilles avec qui il se frottait le nez en signe d’amitié dans la verdure humide et odorante des prés.

Il ne les voyait plus ; et Roussard s’étonnait davantage chaque soir, d’autant plus qu’à la place des grands coureurs il voyait maintenant, par troupes envahissantes et d’un sans-gêne exagéré, des congénères plus petits, de couleur plus foncée, qui lui jetaient de mauvais regards et avaient répondu par des cris aigus et des frémissements de museau aux avances sympathiques qu’il avait voulu leur faire.

Roussard était vaguement inquiet de ce voisinage et s’il ne faisait pas encore de rapprochements entre la disparition des autres grands capucins et la présence de ces cousins bizarres qui se terraient au lieu de se gîter, il n’en sentait pas moins le désagrément de leur continuelle et agressive présence.