Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour les sombres luzernes et les sainfoins odorants, Roussard, le lièvre roux du bois de Valrimont, se rendant à l’invite de la sécurité crépusculaire, allait quitter le fourré de ronces de la Combe aux Mûres, où il s’était gîté par une aube de juin.

Il y avait dormi les yeux ouverts, comme s’il eût craint que ses oreilles mobiles de vieux chemineau forestier ne pussent suffire à explorer les bruits de la campagne ; et le décor du sous-bois, changeant avec la lumière que secouaient les frondaisons, favorisait dans ses somnolences les cauchemars quotidiens qui trouaient son repos d’épouvantes tragiques.

Sans que rien de tangible eût pu faire soupçonner chez lui un changement si rapide, Roussard, ayant pris conscience de sa situation, s’assura de la sécurité extérieure en dirigeant successivement vers les quatre coins de l’horizon