Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans plus rien voir, dans un essor fou, l’oiseau monta, monta, Fuseline enfoncée dans son cœur comme une flèche de mort qu’il serrait de plus en plus furieusement dans les contractions frénétiques de son agonie.

Les serres convulsées, crispées sur les reins et le poitrail de la fouine, traversèrent la peau, les chairs, broyant sous leur étreinte les poumons, le cœur, tous les viscères qui saignèrent, se triturèrent comme une pâte de chair vivante et fumante, tandis qu’implacable, immobile, rivée sur sa vengeance elle aussi, la tête de Fuseline creusait encore plus avant un trou plus rouge dans le flanc de l’oiseau.

Ils montèrent fous dans le soleil, en une ascension éperdue, jusqu’à ce que, tout d’un coup, vidé, ployant sur ses ailes flasques, le grand oiseau chavira sur l’abîme, et, dans les derniers sursauts de l’agonie, étreignant encore entre ses serres rigides le corps de sa victime, les deux cadavres s’abîmèrent dans le vide.