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forces centuplées par la colère qui les animait.

Brusquement, comme si ses muscles fussent emplis de toute leur énergie batailleuse et résistante, d’un élan violent de ses reins et de ses jarrets, Fuseline sembla se décocher de sa branche comme une flèche de haine et fonça sur le rapace.

L’élan fut irrésistible ; l’oiseau de proie reçut le choc en plein poitrail et chancela ; mais ses ailes fantastiques l’eurent redressé en une seconde et avant même que son bec crochu eût lacéré dans ses cisailles cette chair frémissante, ses serres agrippantes saisissaient Fuseline par le râble et il s’enlevait dans l’espace, emportant la bête avec lui.

Le busard s’éleva obliquement, alourdi de sa capture, réservant sa vengeance pour plus tard, dans quelques instants, quand la fouine étourdie de cette course, éperdue de vertige, chavirée dans la mer aérienne, ne songerait plus à résister à ses coups de bec.

Il se trompait. Fuseline avait bien, en s’élevant aux serres sanglantes du fauve, éprouvé le