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Mais au moment où ses serres crochues, tendues en avant dans un geste assassin, allaient saisir l’oiseau, brusquement, semblant surgir des profondeurs même de l’arbre, la tête menaçante de Fuseline se leva.

Un balancement d’ailes rejeta le rapace sur une branche de la fourche où l’y fixa une serre, tandis que l’autre se crispait dans le vide, et que, sur le cou tendu, la tête horizontale fixait férocement l’adversaire qui lui disputait son butin.

Sur la branche d’en face, le train de derrière en haut, la patte valide en bas, grasse et forte de ses festins répétés, les reins arqués en une courbe féline et puissante, le cou levé pour le défi, elle dressait en face du busard sa petite tête fine où brasillaient les diamants de ses yeux, sa tête plate de bête féroce montrant dans la gueule ouverte pour mordre et pour saigner la double rangée brillante et pointue de ses dents, immobile, les babines troussées, le nez froncé, les pointes des moustaches tendues en avant, terrible, dans la suprême intensité de sa colère et de sa haine.