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l’avait découvert et, les ailes agitées perpétuellement sans bouger de place, le cou tendu, la tête penchée, fascinait de ce mouvement vain et du regard hallucinant de ses yeux fixes cerclés d’or la malheureuse bestiole, incapable maintenant de fuir le nid où le sentiment maternel l’avait fait rester malgré le danger.

Au loin, dans un immense froufroutement d’ailes, un ample et frémissant pépiement, les autres oiseaux se rassemblaient pour, par leur nombre, leurs cris, leur influence réciproque, échapper à la fascination fatale et à l’assassinat infaillible auxquels sont voués les isolés. Des corbeaux se répondaient, et, encore hésitants, se désignaient l’ennemi, avec à la fois le désir et la crainte d’affronter des coups qui ne les menaçaient pas.

L’oiseau de proie, un grand busard d’une envergure fantastique, ne semblait y prendre garde, absorbé tout entier par sa proie.

Et, tout à coup, sentant le merle bien pris dans le réseau de sa puissance, il s’abattit comme une masse sur le nid.