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de ses rayons. Les verdures se nuançaient à l’infini.

C’était une symphonie de couleur allant du cri violent des verts ardents et comme vernissés (réfléchissant le soleil sur les mille facettes de leurs miroirs comme pour jouer avec la plaine) aux pâleurs mièvres des rameaux inférieurs, dont les feuilles tendres, aux épidermes délicats et ténus, n’avaient pas encore reçu le baptême ardent de la pleine lumière, bu la lampée d’or des rayons chauds, car leur oblique courant n’avait pu combler jusqu’alors que les lisières privilégiées et les faîtes victorieux.

Mais ce jour-là une vie multiple et grouillante, végétale et animale, sourdait de partout, des crépitements des insectes et du chant des oiseaux à l’éclatement des bourgeons et au gonflement des rameaux, craquant dans l’air vibrant comme des muscles qui s’essaient.

C’était un de ces premiers jours où la forêt, comme une femme qui a longtemps résisté, se laisse enfin aller toute aux caresses de l’amant, où elle vit de toutes ses fibres, où elle chante