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comme une sentinelle aux aguets du renouveau, elle les entendait maintenant revenir, les migrateurs, et passer sur sa forêt en grands froufrous d’ailes, en longue rumeur de marée montante, en tempête de cris d’appel, d’amour et d’espérance. Elle n’était pas inquiète de les voir disparaître au loin, car elle savait bien que ceux-là qui passaient les premiers, s’enfonçant vers le Nord, en amèneraient après eux une longue suite, qui, telle la traîne d’une immense robe ailée, s’éparpillerait sur la forêt et la vêtirait jusqu’en automne de la trame changeante et joyeuse de leurs amours et de leurs chants.

Son petit cœur battait puissamment de joie en évoquant, pour un proche avenir, les embuscades de feuilles où surprendre les merles, les assauts, au haut des fûts des foyards, des nids de grives et les rudes combats autour des nichées de corbeaux qui défendaient énergiquement, du pic solide de leur bec, leurs jeunes couvées.

Elles étaient encore rares les captures, et les longues stations s’achevaient souvent vai-