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france, nourrie par la fièvre et léchant sa plaie ; puis un beau soir elle reparut amaigrie, les yeux brillants et douloureux, l’épaule pendante, lamentable, telle une estropiée qui présente son moignon pour apitoyer les choses et demander une aumône à la vie.

Rien ne la ramena plus vers le village où retournaient ses sœurs ; rien ne la décida à se rapprocher des habitations, rien, pas même le désir et la soif du sang, ne l’attira par la plaine où, maintenant, sur les prairies et les chaumes dévêtus de neige, parmi les pieds de chicorée s’étoilant et verdissant, les poules en liberté picoraient de menus vermisseaux et les petits cailloux qui devaient former la coquille de leurs œufs.

La forêt lui restait et lui suffisait ; elle y chercha sa vie quotidienne, et put, tant bien que mal, atteindre les jours de printemps, la poussée des feuilles et le retour des oiseaux qui lui promettait la plus abondante des pâtures.

Ces temps venaient.

Perchée dans son observatoire suspendu