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parmi les nudités grêles des rameaux de hêtres et de charmes.

Comme si elle eût voulu récupérer un potentiel nécessaire d’énergie, laisser s’accumuler en elle une réserve suffisante de force, elle s’accroupit sur elle-même, se pelotonna en boule pour rendre à ses muscles épuisés, avec la chaleur que leur portait son sang généreux de jeune bête, la force indispensable pour assurer son salut.

Bientôt, prudente, rasant le sol, sa tête, fine comme celle d’un serpent, se leva d’entre les brindilles craquantes, et, l’horizon exploré d’un coup d’œil, sondé d’un tour d’oreille, elle se coula, sous l’égide des haies, vers la forêt où se trouvait sa demeure.

Elle y fut bientôt, et telle était son énergie que, malgré sa patte tranchée, malgré le sang perdu, malgré la souffrance engourdissante, elle grimpa sans encombre à sa caverne aérienne où elle sembla s’engloutir comme dans le giron d’une mère ou la gueule ouverte d’un précipice…

Six jours durant elle y resta prostrée de souf-