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Alors, au paroxysme de la douleur et de la peur, frémissante sous la poigne formidable de l’instinct, elle se rue sur sa patte cassée et, à coups de dents précipités, hache, tranche, broie, scie la chair sanglante et pantelante. C’est fini ! Une fibre tient encore : une crispation de reins, un déclic de muscles, et elle se déchire comme un fil sanglant.

L’homme ne l’aura pas.

Et Fuseline, sans même regarder, dans un suprême adieu, son moignon effiloché et rouge qui resta là planté, pour attester son invincible amour de l’espace et de la vie, ivre de souffrance, mais libre quand même, s’enfonça dans la brume.