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qui se perd, la douleur qui l’a suscité s’évade en gémissements.

Au loin retentit un coup de feu ; alors elle comprend le piège ; l’homme va venir l’achever, et elle ne pourra ni fuir ni se défendre. Et dans la douleur de l’étreinte qui la mord et l’affolement du danger, elle se secoue et se tord dans des convulsions de désespoir.

Le piège reste là, fixé au sol, immobile ; la petite tête se rejette en arrière dans le roidissement de la patte valide qui piétine le sol avec rage, tandis que celles de derrière s’arcboutent comme des ressorts.

Les reins bandés tirent en arrière, de côté, en avant : rien ne cède ! rien ne bouge ! une chaîne énorme maintient à un anneau du mur la mâchoire du piège dont les dents de fer font dans sa chair d’horribles morsures ; des gouttes de sang s’écoulent qu’elle lèche lentement. Puis, comme si elle abandonnait la lutte après la fatigue de l’effort convulsif, tantôt elle semble se résigner, s’oublier, s’endormir de douleur ou de lassitude et tantôt, comme cinglée des mille