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femmes, qu’il avait mal agi ? Nul ne sait ; en tout cas, il saisit certainement qu’il allait recevoir une danse ; aussi chercha-t-il à se faufiler entre les commères pour gagner la sortie, mais ce fut en vain.

La Phémie, de ses grands bras, l’attrapa par le collier et le maintint, cependant que la Guélotte, le poing fermé, tapait sur la bête à tour de bras d’abord, puis, se faisant mal aux mains, à grands coups de pied ensuite.

Ce fait, elle prit une corde, vint attacher le coupable à la remise et retourna avec sa compagne pour se rendre compte des dégâts.

Les lapins essoufflés, effrayés, les yeux rouges, ventaient comme des asthmatiques, et la poule, qui avait fini de glousser et de piauler, gisait raide sur les pavés.

— T’auras bien de la chance si tes petits lapins ne crèvent pas, conclut la Phémie ; pour quant aux poules, c’est la première, mais ce n’est pas la dernière, une fois qu’ils y ont goûté…

— Mon Dieu, mon Dieu ! se lamentait la Guélotte, ma meilleure « ouveuse[1] » !

— Écoute, conseillait l’autre, puisque ton soulaud de mari ne veut pas te débarrasser de cette rosse, fais comme je t’ai dit : donne-lui à manger

  1. Ouveuse : pondeuse.