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La femme se tut ; toutefois, lorsque Miraut passa devant elle, il endossa pour le prix des fameuses peaux de lapins un solide coup de sabot dans les côtes.

Tout de même, ne se jugeant pas suffisamment vengée, elle ajouta :

— Il y restera dans sa saleté avec ses cercles de tonneaux et ses vieux balais, il y couchera : ce n’est pas moi qui la lui nettoierai, sa niche, à ce dégoûtant-là.

— C’est bon, c’est bon, calma Lisée d’un ton conciliant.

Mais Miraut jouait déjà avec Mitis, le jeune matou à qui il prenait les puces, tandis que le chat, renversé sous son gros mufle, s’agitait des quatre pattes pour le repousser sans lui faire mal et se mettre enfin debout.

Le maître les sépara en montrant au chien sa gamelle fumante. Avec bruit, Miraut lapa sa soupe, une soupe claire dont l’eau chaude était l’unique bouillon, puis, non rassasié, vint tourner autour de la table, guettant les morceaux de pain, les débris de légumes, les couennes de lard ou les os que le maître voudrait bien jeter.

— Qu’est-ce qu’il « allure », ce goinfre-là ? ronchonna la Guélotte, il n’est donc jamais content ?