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ici, et que moi je ne suis plus rien que vot’domestique à tous les deux.

Et elle passa dans la pièce voisine, communiquant avec la remise.

Miraut, par son bruit réveillé, l’oreille aux écoutes, reconnut le pas et ne bougea mie de sa paille.

Dès que la porte fut ouverte, la Guélotte leva les bras au ciel, prenant, bien qu’elle fût seule, tout l’univers à témoin :

— Jésus ! Marie ! Joseph ! si c’est permis ! Mais venez voir ce cochon-là, quel ménage il m’a fait ! s’il est possible d’imaginer ! Oh ! mon Dieu, doux Jésus ! qu’est-ce qu’on veut devenir ?

Et elle criait, piaillait, gueulait, tempêtait tant que Lisée, qui ôtait ses souliers, accourut vivement en chaussettes, se demandant avec anxiété de quel abominable crime domestique son chien avait bien pu se rendre encore coupable.

Miraut, affalé sur le flanc, le museau inquiet, les yeux tout ronds de frayeur, le fouet battant, regardait du côté de la porte, craignant fort la raclée.

Lisée arriva près de sa femme. Il vit et aussitôt éclata de rire, d’un bon gros rire joyeux qui lui secouait le ventre et lui découvrait les chicots.