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un mot du maître, haussant le ton, le rappela à lui :

— Ici ! Veux-tu bien !… petit polisson ! Faut laisser les poules tranquilles ! Allons, viens ici !

Comprenant qu’il avait peut-être fauté, Miraut, quêtant un pardon et une caresse, vint se dresser contre les genoux de Lisée, puis, absous d’une chiquenaude amicale, repartit aussitôt.

Un petit bâton sollicita son attention : il s’en saisit et, en travers de sa gueule, la tête haute, le porta fièrement jusqu’à la première bouse de vache pour laquelle il l’abandonna sans hésiter.

— Sale ! petit sale ! veux-tu bien lâcher ça, gronda Lisée.

Miraut, légèrement étonné du peu de goût de son maître, laissa tomber cette galette de bouse qui sentait pourtant si bon et allait chercher autre chose, quand il tomba tout à coup en arrêt roide, entièrement immobile, figé sur ses quatre pattes.

— Allons, viens-tu, reprit son maître !

Mais Miraut ne bougeait pas.

— Viendras-tu donc, traînard ! accentua Lisée.

Mais Miraut se fichait de la parole du maître et, sans plus remuer qu’une souche, semblait médusé là, par quelque effrayant spectacle.