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c’est dressé. Non, ce qu’il fallait, c’était simplement harceler sans trêve les deux êtres, les deux alliés, ses deux ennemis : son mari et le chien ; les faire souffrir l’un par l’autre, chercher si possible à les amener à se détester, mettre Lisée en colère contre Miraut ou profiter d’une de ces rages que provoquerait sûrement le dressage pour exaspérer son homme, le dégoûter de sa rosse et la lui faire tuer, ou donner, ou vendre encore, ce qui serait tout profit pour le ménage.

Oh ! elle trouverait bien ! D’abord elle allait dorénavant laisser les ordures en place ; le patron les enlèverait lui-même si ça lui disait ; quant à la soupe, elle serait maigre et que ce sale cabot de malheur s’avisât de toucher au linge, aux chaussures ou aux vêtements ; qu’il s’avisât de courir après les poules et de « coucouter » les œufs ! Le manche à balai était là, peut-être, et le fouet aussi, et son homme n’aurait rien à dire là-contre, c’était du dressage, quoi ! on ne peut pas se laisser dévorer par une bête ! Et au besoin elle jouerait au braconnier de bons tours dont elle accuserait le chien. Lesquels ? elle ne savait pas encore, mais elle trouverait certainement.

Ah ! il faudrait bien qu’elle obtînt l’avantage enfin et qu’il disparût, l’intrus qui s’était introduit à la faveur d’une saoulerie. Lisée n’aimait