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un lièvre qu’il serrait de trop près : tous deux, le capucin le premier et le chien immédiatement après avaient sauté dans une sorte de précipice et le chasseur avait dû descendre au moyen de cordes pour remonter les deux cadavres ; il en avait eu un qui avait suivi une chasse au tonnerre de Dieu et qu’on n’avait jamais revu : perdu, tué, volé ? Nul ne savait ! Lisée avait eu bien du chagrin chaque fois qu’un tel malheur lui était advenu, il avait même pleuré sur quelques-uns de ces braves toutous qui étaient de francs et joyeux compagnons, et, quand il avait pu, les avait toujours, avec une sorte de piété amicale, enterrés dans un petit coin de son verger où l’herbe poussait à chaque printemps plus verte et plus drue.

Mais, jamais, non jamais il n’avait été aussi furieux que le jour où son vieux Finaud s’en vint râler à ses pieds, empoisonné.

Ah oui ! ce n’était pas oublié ! Maintenant encore, quand on évoquait la chose, ses veines du front se tendaient ainsi que des câbles et ses poings serrés s’arrondissaient comme des maillets, prêts à cogner.

Quant à la canaille qui lui avait lâchement assassiné son chien, il avait bien fallu qu’il la découvrît. Après une enquête aussi minutieuse que lente et discrète, d’insidieuses questions