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Lisée qui, les jambes flageolantes et le dos rond, disparaissait au coin de la rue, derrière les maisons.

Longtemps, comme ahuri, ne semblant pas vouloir comprendre encore ni se résigner, il resta là, stupide, à mi-chemin. Et il vit Lisée revenir et il se redressa de nouveau, secoué d’un frisson, ému d’une espérance.

Le chasseur se redemandait ce qu’il ferait. La lutte en lui n’était pas finie. Peut-être allait-il céder à son cœur, à son sentiment, à son désir ; mais la Guélotle parut :

— Encore cette sale carne, hurla-t-elle, en ramassant des cailloux.

Et l’homme laissa faire.

Miraut comprit que tout était fini, qu’il n’avait plus rien à attendre ni à espérer et ne voulant malgré tout point retourner au Val où il retrouverait pourtant la niche et la pâtée, ne voulant point déserter ce village qu’il connaissait, ces forêts qu’il aimait, ne pouvant se plier à d’autres habitudes, se faire à d’autres usages, il s’en alla sombre, triste, honteux, la queue basse et l’œil sanglant jusqu’à la corne du petit bois de la Côte où il s’arrêta.

Alors il se retourna, regarda le village et, debout sur ses quatre pattes, il se mit à hurler, à hurler longuement, à hurler au perdu, à