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cherches nocturnes par les fumiers et les ordures, rongé par un souci tenace, dévoré par le chagrin, maigrissait de plus en plus. Il était là, passant ses jours accroupi dans une attitude de sphinx miteux, car tant que la maison n’était pas fermée, que les lumières n’étaient pas éteintes, il attendait, espérant encore que son maître l’appellerait et le reprendrait. Son poil qu’il ne lustrait plus se hérissait, se collait, devenait sale ; il était crotté, boueux, minable, avait un air harassé, se levait à peine craintivement lorsque quelqu’un passait à proximité, fuyait les gosses qu’il connaissait, regardait tout le monde avec méfiance et marchait comme rattroupé, l’échine à demi cintrée, ainsi qu’un infirme ou un petit vieux.

Et Lisée se mangeait le sang, se disant que ce M. Pitancet n’était au fond qu’une brute et une salle rosse puisqu’il avait le courage ou la lâcheté de laisser ainsi une pauvre bête si longtemps à l’abandon.

— D’ailleurs, pensait le braconnier, reste à savoir si maintenant Miraut se laissera remettre la main au collet. Chez nous, c’était facile, mais au milieu du communal, ce sera une autre paire de manches. Si, après cette saleté-là, le monsieur compte sur moi pour la chose, il peut se fouiller. Il s’arrangera avec la vieille puisqu’ils