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— Voyons, puis-je aller près de toi ?

Mais Lisée, bien que le sachant là, ne faisait pas mine de le remarquer et, le cœur serré, rentrait bientôt à la cuisine où l’accueillaient les sourires et les haussements d’épaule méprisants de sa femme.

Trois jours de suite, Miraut erra autour de la maison, aboyant, demandant asile, demandant à manger, rôdant la nuit par le village. Il s’acharnait, il espérait envers et malgré tout espoir et Lisée, lui aussi, vécut trois jours d’angoisses et de souffrances atroces, répondant à peine aux gens, voisins et amis qui lui parlaient de ce chien, louaient sa fidélité et s’extasiaient sur un attachement si tenace et si singulier à leurs yeux.

M. Pitancet, absent du Val, n’était pas venu chercher son chien bien que la Guélotte, qui ignorait ce détail, eût écrit dès le second jour. Elle s’inquiéta un peu au début de ne pas le voir accourir aussitôt, puis, sa nature égoïste reprenant le dessus, elle se dit :

— Après tout, qu’il crève de faim ou qu’il lui arrive malheur, je m’en moque, ce n’est plus le nôtre.

Cependant, Miraut ne mangeant guère que de vagues rogatons ainsi que quelques saletés dénichées à grand’peine au hasard de ses re-