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— Peut-être aurais-je pu l’aider, se disait-il ? Pourquoi n’est-il pas venu me voir non plus ? Si c’étaient des sous qui lui manquaient, il n’aurait eu qu’à dire un mot ; j’ai toujours quelque part, dans un bas de laine, un cent d’écus de réserve en cas de malheur, que personne ne sait, pas même la bourgeoise, pour me tirer d’un mauvais pas ou pour obliger un ami.

Et il enrageait en pensant qu’il n’était pas encore tout à fait assez valide pour accomplir seul, aller et retour, le voyage à pied de Longeverne ; mais il se promit, dès qu’une voiture irait là-bas, de saisir l’occasion par les cheveux, d’aller demander lui-même des explications à son copain et lui offrir, s’il en était encore temps, ses services.

Miraut, assurément très triste d’être remmené au Val, n’était cependant pas aussi désespéré que le premier jour, car il avait au cœur le secret espoir de s’échapper encore et bientôt, surtout maintenant qu’il savait la manière de s’y prendre, et de revenir de nouveau à Longeverne.

Rien n’aurait su le distraire de ce projet ni personne l’empêcher de le réaliser. Un chien qui s’est mis en tête une idée n’en démord pas et Miraut était un vrai chien, un fameux chien, un sacré chien comme on disait. Il se jura donc,