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des trois cents francs, elle rentra à la maison afin de rappeler à son mari que le chien n’était plus à lui et lui remettre en mémoire les promesses qu’il avait faites à son acquéreur.

Elle les trouva tous deux, l’homme et le chien, dans la chambre du poêle, en train de se caresser et de se tenir des discours réciproques qui devaient être d’ailleurs parfaitement inutiles.

Miraut était heureux : il ignorait ce que c’est qu’un marché ; du moment que Lisée le recevait bien, il pouvait croire que l’ère de la séparation était révolue et que c’en était fini du cauchemar du Val : l’arrivée de la patronne jeta une ombre sur sa joie et lui fit se souvenir qu’il avait toujours en elle une ennemie. Par politesse toutefois, par bonté de cœur, pour montrer qu’il ne gardait à personne rancune du méchant tour qu’on lui avait joué, il vint à elle et voulut la caresser, mais elle le repoussa brutalement en disant :

— Qu’est-ce qu’elle revient faire ici, cette sale charogne ? Et s’adressant à son mari :

— Tu sais, ce n’est pas honnête ce que tu fais là. Tu avais promis à M. Pitancet de ne pas le rattirer s’il revenait et je me demande ce qu’il dirait s’il venait vous trouver ici tous les deux, comme des idiots, à vous faire des mamours. Tu as fait un marché avec cet homme, il t’a payé