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il partait pour la forêt dans l’espoir d’entendre chasser son chien, il n’eût pas échangé sa place pour un trône.

Toute la semaine, il traîna languissant, désœuvré, d’une pièce à l’autre, de la remise à l’écurie, du jardin au verger, bricolant un peu, incapable de se donner à quelque travail sérieux ou suivi, tandis que sa femme, triomphante, se moquait de lui et haussait les épaules, en silence toutefois, car si d’aventure elle se fût hasardée à aller trop loin dans cette voie, elle aurait pu craindre un éclat de colère dont son derrière et ses eûtes eussent pu se ressentir fortement.

Cette après-midi là, plus triste et plus sombre que jamais, le braconnier, devant sa maison, s’occupait à scier quelques rondins qu’il avait récemment ramenés de la coupe et qui encombraient un peu le bas de sa levée de grange.

Courbé en deux, un pied sur le bois du chevalet, il tirait et poussait lentement la scie, d’un air accablé lorsque, tout à coup, sans qu’il s’y attendit le moins du monde, il sentit deux pattes brusquement s’appliquer sur ses reins en même temps qu’un aboi de joie et de tendresse, un aboi bien connu, retentissait, roucoulait à ses oreilles.

Du coup, il en lâcha la scie et le morceau de bois, et comme électrisé, avec la rapidité de l’éclair, il se retourna.