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joyeux quand son nouveau maître eut émis l’idée de l’emmener faire un tour et prendre l’air, et l’autre en fut tout attendri.

— Nous le tenons, affirma-t-il à sa femme.

Il s’habilla et après avoir, comme la veille, passé une laisse au collier du chien, ils sortirent tous deux. Ce n’élait point ce qu’avait espéré Miraut, mais tout de même il était content de gagner la rue et de prendre contact avec le pays, ne serait-ce que pour s’orienter un peu, afin de n’avoir point à hésiter le jour où, débarrassé de ses liens, il pourrait enfin filer où il voudrait.

Ce nouveau village n’enthousiasma point Miraut.

Le Val, comme son nom l’indique, est situé dans une vallée, fort jolie d’ailleurs, bien que très encaissée. C’est un petit pays tout en longueur dont les maisons proprettes longent une rivière jaseuse au flot limpide et frais que hante une truite très rare et fort renommée. Quelques prairies en pente, arrivent comme des torchons de verdure à la rivière, tandis que plus haut, la côte, avec ses forêts et ses rochers, s’élève raide et escarpée, barrant l’horizon.

Le bruit de l’eau et le pont qu’il fallut traverser, rappelèrent à Miraut un de ses plus mauvais souvenirs. Il hésita à suivre le maître, reniflant