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Mais quand on arriva en face de chez Fricot et que Miraut revit l’homme auprès de la voilure attelée, une transe nouvelle le saisit. Il comprit tout et, regardant Lisée avec des yeux pleins d’un sombre et muet reproche, refusa de nouveau obstinément de faire un pas. Le patron, pour l’amener à la voiture, dut le prendre de force dans ses bras où il se débattait et le porter comme un enfant.

Sur une brassée de paille préalablement disposée à côté du siège, Lisée déposa Miraut, tandis que le conducteur, saisissant la corde, l’attachait très court et solidement au siège d’abord, au porle-lanterne ensuite, afin que le chien ne pût ni renverser le premier, ni sauter et se tuer en cours de route en tombant malencontreusement sous les roues.

Pour qu’il ne vit point ces préparatifs et ces dispositions, Lisée durant ce temps l’entourait toujours de ses bras et l’embrassait en lui parlant.

Quand tout fut solidement arrimé, le nouveau maître, brusquant les adieux, serra la main de Lisée et fouetta vigoureusement son cheval.

Et Lisée resta là, immobile, muet, navré, sombre, désespéré, ne répondant rien aux gens qui l’interrogeaient, regardant stupidement s’éloigner et disparaître au loin cette voiture