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détails, il sentit, rien qu’à son air triste, de même qu’à la volonté de l’autre de se faire bien voir, qu’il y avait, entre eux deux, un pacte secret le concernant.

Instinctivement il fuyait les caresses de l’étranger, se contentant de le regarder avec des yeux inquiets, agrandis par la tristesse et l’étonnement.

Les compliments que l’autre lui adressa, pour sincères que les sentit Miraut, ne réduisirent point sa méfiance et il refusa froidement un bout de sucre qui lui fut tendu en signe d’alliance. Lisée ayant ramassé le morceau tombé le décida tout de même à le croquer, mais il le cassa sans enthousiasme et l’avala sans le sentir.

— Je vais toujours lui ôter l’entrave, décida l’acheteur qui s’était nommé M. Pitancet, rentier au Val. Mais ce geste libérateur qui, pensait-il, lui concilierait les bonnes grâces et lui attirerait l’amitié du chien, ne réussit qu’à accentuer sa méfiance et à confirmer ses soupçons.

Le nez humide et les yeux brillants il se collait de plus en plus aux jambes de son ancien maître qui ne se lassait de le cajoler, de le tapoter, triste jusqu’à la mort de la séparation prochaine. Après une dernière embrassade, une dernière caresse, on laissa Miraut sur sa litière et, pour régler définitivement l’affaire, les deux hommes se rendirent à l’auberge.