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avait sur ces notions diverses des idées particulières, originales et fort différentes de celles des hommes.

Je croirai plutôt que la façon bizarre, grotesque, carnavalesque dont ces êtres se vêtaient choquait son goût très sain de naturel et de simplicité.

Donc Miraut se méfiait des gendarmes et des gardes ; mais pour lui, chien, inaccessible aux stupides conventions humaines et dégagé des contraintes sociales, se méfier c’était ne point se faire mettre la main au collier et non pas ne point se faire voir.

Il était d’ailleurs profondément convaincu que son maître, la veille au soir, avait accompli un abus de pouvoir odieux en l’empêchant, après une si longue inaction, de poursuivre une chasse si vigoureusement commencée. Un certain esprit de rancune l’animait ; des idées de vengeance se présentaient et il balançait sans doute entre l’envie de repartir à la première occasion et la résolution de ne rechasser jamais, même lorsqu’il y serait invité de façon très pressante.

C’était compter sans le temps, l’instinct, l’habitude et le désir s’exaspérant par la contrainte.

Tous les matins maintenant, on le laissait à la paille jusqu’au repas de midi, ensuite de quoi il