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L’oreille droite avait sauté entièrement ainsi que l’œil : la bête était tombée en hurlant et elle s’agitait convulsivement tandis que l’oreillard, cause de tout le mal, tirait ses grègues, comme bien on pense, à belle allure.

Philomen ayant posé son fusil et frappé de stupeur s’était agenouillé devant sa chienne qui souffrait et qui râlait. Que faire ? L’emporter, la soigner ! Le coup était trop mauvais pour qu’elle guérit ; à quoi bon prolonger d’inutiles souffrances ? Et alors, désespéré, il avait repris son fusil et, les yeux embués de larmes, lui avait déchargé dans l’autre oreille son second coup.

Bellone, tuée raide, gisait.

Philomen s’en était venu, avait pris une pioche et, dans un coin perdu de ce Chanet qu’elle avait si souvent tenu, où ils avaient tant buissonné de concert, il lui avait creusé sa fosse à l’abri d’un bouquet de houx.

— Je ne chasserai plus, mon vieux, affirmait-il, non, plus jamais, c’est trop triste !

Lisée le consola de son mieux.

— Ta petite Mirette grandit et Miraut nous reste. Il est assez fort et assez roublard pour nous en faire occire suffisamment à tous les deux. Nous irons ensemble, mais quand je serai empêché, tu ne te gêneras pas et tu viendras le prendre : il te suit presque aussi bien que moi.