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C’était dans les buissons du Chanet. On avait indiqué à Philomen un coteau où se tenait un jeune levraut de trois ou quatre livres et il s’était dit le matin :

— Puisque Lisée ne peut pas venir, laissons ceux du bois tranquilles et allons tenir un peu les buissons. Sa chienne rencontrait et il avait le fusil sur le bras, prêt à viser.

Tout à coup, elle s’enfonça dans un gros buisson de noisetiers et d’épines, sans rien dire, les oreilles jointes, le fouet battant comme un balancier d’horloge.

— Ça y est, pensa le chasseur qui porta la crosse à son épaule ; et effectivement, le levraut déboulé, filait aussitôt, sautant du buisson.

Vit-il Philomen qui l’ajustait ? on ne sait. Toujours est-il que ce misérable, après deux sauts en avant, crocha brusquement, retournant presque sur ses pas, mais en descendant le revers du remblai.

Philomen qui le suivait de son canon, un œil déjà fermé dans la mise en joue, pressa la détente au moment juste où Bellone sortait du buisson sur les traces du capucin. La gâchette déjà serrée, le chasseur n’eut même pas le temps de relever son canon et la chienne, qui coupait la trajectoire, reçut en lieu et place du levraut, plus de la moitié de la charge en pleine tête.