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s’endormait où elle était, tantôt sur le côté, tantôt sur le ventre, le museau bayant aux mouches ou enfoui à même la paille de sa litière, d’un sommeil de plomb d’où la tirait seule la venue et l’odeur de sa mère, car c’est probablement le sens de l’odorat qui s’éveille le premier chez le chien. Elle n’était encore sensible ni aux gloussements des poules, ni aux meuglements des vaches : pourtant la lumière commençait à l’intéresser.

Ce ne fut qu’au bout de plusieurs mois qu’elle prit sa forme élégante et son définitif pelage en tout semblable à celui de Bellone. Mais, durant ce temps, elle lit connaissance avec bien des choses, apprit à marcher, à craindre le sabot des bœufs, à sortir du lit pour vaquer à ses besoins et lapper le lait et lu soupe dans l’assiette, à côté de su mère qui lui faisait encore elle-même sa toilette.

Cependant, elle savait déjà toute seule se gratter et quand une puce — et jeunes chiens n’en manquent point — errant à travers ses poils, la chatouillait, elle jetait avec une promptitude amusante son petit mufle sur sa peau ou bien grattait avec frénésie l’endroit sensible. D’ailleurs, elle apprit bien vite à lustrer toute seule son habit et bientôt, chaque jour, ne laissa nulle place où la langue ne passât ni ne repassât.