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Le dimanche, en effet, en compagnie de maître Gouffé, l’amateur s’amena de bon matin et s’invita à chasser avec Miraut et Lisée. Au premier coup d’œil, le chien lui plut et, fort complaisamment, Lisée lui permit d’admirer, au cours des chasses que l’on fit, les qualités de son compagnon et ami.

Le richard invita Lisée à déjeuner chez Fricot où le notaire avait fait composer un menu soigné, agrémenté de vins capiteux. Déliant, Lisée déclina l’offre ; mais Gouffé avec sa faconde habituelle intervint :

— Voyons, cher ami, vous avez été si aimable de nous accompagner, vous ne pouvez pas refuser… et le chasseur dut se mettre à table où il mangea et but consciencieusement.

On parla chasse ainsi qu’il convenait, mais, dès que les autres voulurent aborder la fameuse affaire, Lisée fut intraitable.

Après avoir, fort poliment d’ailleurs, répondu en invoquant des questions sentimentales auxquelles l’autre ne sembla rien comprendre et comme il insistait trop, jonglant avec les billets de cent, Lisée tout d’un coup très pâle, s’écria :

— Tenez, monsieur, vous êtes bien honnête de m’avoir invité et je vous remercie de votre repas, mais aussi vrai que vous êtes millionnaire et que je ne suis, moi, qu’un pauvre bou-