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diant en qui il soupçonnait le rapineur, on avait grand*peine à le tenir ; il aurait dévoré l’intrus si on l’eût laissé faire. Quant à la Phémie, il ne la gobait toujours pas ; sa patronne lui avait interdit de japper quand elle venait ; cela ne l’empêchait point de grommeler quand il entendait sa sabotée particulière et de lui montrer les dents dès que le regard du maître ne l’obligeait plus à dissimuler ses véritables sentiments.

Tant de qualités professionnelles et domestiques avaient fait de Lisée et de lui deux amis fraternels qui se pardonnaient mutuellement leurs fautes : lièvres bouffés par le chien sans autorisation préalable ni partage équitable avec le maître, stations trop prolongées du patron chez les bistros quand on allait en voyage. La Guélotte, elle-même, à la longue, nul accident fâcheux n’ayant endeuillé sa basse-cour et amoindri son porte-monnaie, avait fini par l’admettre et par lui témoigner, dans ses rares bons moments, quelque affection.

La réputation de Miraut avait franchi les frontières naturelles de sa région. Non seulement par le canton où son premier maître, le gros, et Pépé, son parrain en somme, avaient exalté ses vertus et proclamé sa gloire, mais ailleurs, dans les pays voisins, au chef-lieu d’arrondissement, à Besançon même, les professionnels