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Le nez ne lui donnant que d’insuffisantes indications, il regarda aussi avec ses yeux, fit des efforts de mémoire, rapprocha certains faits, évoqua les chasses passées et, selon le sens de ses conclusions, visita telle cache plutôt que telle autre, ce fourré-ci de préférence à celui-là.

On arrivait tout de même à lancer grâce à lui. Mais si les chasseurs n’étaient point à portée pour arrêter l’oreillard dès le début de sa course, cinq minutes plus tard, ayant gagné la plaine ou quelque chemin, c’était fini et bien fini ; Miraut et Bellone, le nez obstrué, éternuant dans la poussière, renonçaient à la poursuite, d’autant que la chaleur, une chaleur impitoyable, leur faisait tirer une langue de six pouces au moins.

Ah ! c’est quelquefois un rude métier que celui de chien, et la saison d’avant, la chasse n’était guère plus drôle. Les pluies, cette année-là, avaient détrempé le sol et on ne pouvait flairer une piste sans que les narines ne s’emplissent d’eau immédiatement, ce qui vous faisait éternuer des cinq minutes consécutives. Et si l’on voulait suivre parmi les hautes herbes, l’eau ruisselante lavait tout fret, dissolvait toute odeur, au point qu’il était absolument impossible de faire revenir le gibier quel qu’il fût, renard ou lièvre, au canton du lancer.