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longues heures sans plus bouger qu’une véritable souche.

Et le lendemain, Lisée qui, de désespoir, s’arrachait les cheveux et la barbe, jurant que ce salaud de lièvre était sûrement un sorcier qui lui avait fait crever son chien, reçut vers les dix heures une lettre ainsi conçue :

Bémont, le 27 février.
« Mon cheii Lisée,
« Je t’envoie ces deux mots pour te dire que j’ai ramassé aujourd’hui ton Miraut qui gueulait au perdu près du « bouillet » [1] du chemin de Chamholtc. Il était bien mal foutu. Je lui ai donné à manger et maintenant il roupille au chaud à l’écurie, tranquille comme Baptiste. Viens le chercher quand t’auras un moment.
« Ta vieille branche,
« Narcisse.
« P. S. — J’en ai tué dix-sept cette année. Et toi ? »

Sitôt qu’il eut lu, Lisée ne fit qu’un saut jusque chez Philomen, pour le rassurer et lui conter en deux mots la bonne nouvelle ; mais il

  1. Bouillet, corruption de gouillas, petite mare.