Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/220

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Un chien !

— « Un sale chien qui n’est pas d’ici, ajouta un deuxième.

— Peut-être un chien enragé, émit un troisième ; ciblons-le !

Immédiatement, les beaux cailloux plats qui devaient glisser sur l’onde s’abattirent en une gerbe écrasante dans la direction de Miraut. Sans mol dire, bien qu’il eût été atteint dans le dos, dans les reins et aux pattes, et même un peu partout, le chien vivement battit en retraite au grand galop, poursuivi par tous les gosses, hurlant et gueulant, heureux enfin de pouvoir taper sur quelque chose de vivant et de donner, pensaient-ils, un but utile et même héroïque à leurs coups de frondes.

Le chien traversa tout le village et s’enfuit, longeant les haies et les fossés jusqu’à quelques centaines de mètres des premières maisons où il se cacha, écoutant les clameurs fanfaronnes et menaçantes de ses poursuivants. Le courage de ceux-ci tomba d’ailleurs avec la fin du village et, arrivés à la dernière bicoque, ils s’arrêtèrent, n’osant s’aventurer ainsi parmi les ténèbres en rase campagne.

Très déprimé par sa longue course, par la fatigue et par la faim, apeuré par les cris entendus et les cailloux reçus, Miraut n’osa plus