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Arrivé à quelque cinq cents mètres du village, dans un champ de pommes de terre le plus souvent, là où la terre est plus meuble que partout ailleurs, il creusait un trou, y enfouissait sa bidoche qu’il rebouchait avec soin, puis rentrait à la maison paisiblement. Le jour suivant ou le surlendemain, il venait la reprendre dès que son estomac réclamait, car la Guélotte, qui l’avait toujours en grippe, oubliait assez souvent, les lendemains de fugue, de lui tremper sa soupe, si Lisée d’aventure ne l’on priait pas énergiquement.

Le chasseur ne soupçonnait pas son chien de tant de roublardise. Il fut littéralement ébahi le jour où il le surprit en train de s’offrir, en guise de goûter, un succulent râble d’oreillard. Miraut, cependant, ne fut pas le moins ennuyé de la découverte, car son maître, jugeant que son compagnon avait eu largement sa part, lui reprit sans façons aucune son quartier de lièvre et, après l’avoir lavé, le fit mettre à la casserole. Ce fut une leçon et le chien, à dater de cette heure, prit bien soin de se dissimuler quand il se rendit à ses caches.

Les prises toutefois ne couronnaient pas chaque poursuite et, plus souvent qu’il ne l’eût désiré, Miraut, après une journée exténuante, rentra à la maison, harassé et vide. Ces jours-là, sa patronne hurlait, car on ne pouvait pas, disait-elle,