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grandes routes et les voies importantes, préférant, sous bois, les petits sentiers, ou, en rase campagne, l’abri des haies et des murs, le couvert des récoltes, pour se dissimuler aux regards des inconnus malveillants. Car Miraut n’ignorait pas que certaines femelles, genre Guélolte, soûl toujours à craindre et qu’il ne faut point, en dehors de son village, se fier aux sales moutards de tout sexe qu’un honnête chien comme lui ne peut décemment effrayer ni mordre et qui profitent lâchement de votre bonté pour vous flanquer, eux, toutes sortes de projectiles sur le dos ou dans les pattes.

Dans les débuts, lorsque son lièvre était trop gros, Miraut, une fois repu, abandonnait le reste ; plus vieux, avec l’expérience et les leçons de la faim, il dut réfléchir sans doute et conclure que cette pratique était tout simplement stupide ; dès lors, quand il ne mangea pas tout, il rapporta à sa gueule, du côté de Longeverne, le quartier de derrière de sa prise.

Bien malins eussent été ceux qui l’auraient attrapé dans ces cas-là. Souvent pourtant il fut poursuivi par des hommes, mais il savait fort à propos prendre le pas de course, se défiler derrière les haies, doubler les murgers et les buissons touffus et gagner la forêt, refuge absolument inviolable aux voleurs à deux pattes.